Quand rien n’effleurât la promesse d’un espoir.. la lumière fût!

Quand on est bas, si bas que le fond est maintenant au-dessus de nos têtes..

Quand le monde alentour semble glauque, menaçant et perdu.
Quand le souvenir de qui on était, de qui on voulait être, de qui on aurait pu être.. nous est devenu étranger, hors de portée, idéaliste..

Il est de ces temps où l’on préfère naviguer dans les brumes opaques des abysses ténébreuses en compagnie de nos démons familiers.. au lieu de virevolter avec béatitude, en nous élevant vers des cieux baignés d’une douce lumière dorée.

Mais est-ce vraiment une préférence? Ou plutôt un énième obstacle à surmonter sur le chemin tortueux de nos destinées? Est-ce une imposition ou une faille? Est-on victime ou bourreau? Ou les deux..?

On préfère là se renfermer sur soi pour contempler et côtoyer la peur. S’enliser dans les pensées mélancoliques qui rongent notre âme, trouée de regrets. Soit tus, soit exprimés, mais toujours présents, leurs crocs acérés décidément bien arrimés à notre chair. Féroces nostalgies, sommes-nous programmés pour souffrir? Est-ce seulement un choix..?

La lumière, comme l’espoir, se fait mystérieuse, rare, légendaire. On ne sait plus trop si on y croit ni si elle existe vraiment. De furtives étincelles d’une brillance foudroyante parviennent à nous, sporadiquement, alors que tout semble anéanti. C’est là que nous relevons la tête, l’espace des quelques minutes que dure ce répit économe qui nous est offert par la vie. Enfin un écho! Une ressemblance! Une âme sœur qui parle à la nôtre de sorte que nos plus profondes émotions semblent soudain et inespérément valides et comprises. Enfin cette sensation d’être rentré chez soi, parmi les siens..

Mais le moment éphémère passe à toute allure, et rapidement la noirceur revient: les doutes, les ombres au tableau, les phobies accumulées par la brutalité et l’indélicatesse de l’humain, tant de cicatrices qui s’amoncèlent sans ne jamais vraiment guérir.

Et qui pour les comprendre? On découvre jour après jour le jugement, souvent hâtif et mal fondé, dans les paroles et regards des autres. Notre disposition n’est que nôtre, nous sommes bien seuls. Au jugement se mêlent la critique, les étiquettes péjoratives, les blâmes et les conclusions erronées. Non, personne ne va comprendre, se mettre à notre place, voir la réalité de ce qui nous habite ni où ces choses ont vu le jour pour la première fois. Personne ne se donne la peine de retracer l’histoire jusqu’à la naissance de nos maux.

Si seulement ils voyaient! Ô combien seraient-ils empathiques au lieu de médisants, compassionnels au lieu de reprochant. Leurs réactions, leur mots, leurs regards transfigurés, transformés par la connaissance de ce qui amène véritablement une personne à se sentir comme nous.

Bien sûr, cette utopie n’existe guère, la confrontation à la froideur indifférente ou critique d’autrui reste bel et bien le seul prisme par lequel nous pouvons apercevoir avec incrédulité notre appartenance à la ‘société’. Ainsi, le repli sur soi devient notre allié unique, le sanctuaire qui ne menace pas de nous heurter vicieusement de nouveau. Notre cocon dépourvu d’épines empoisonnées.

Ce jour sombre est mien, je le déplore. Parfois, les exigences de la vie dépassent notre capacité à les encaisser, à les digérer. Il y a de le casse, du chaos, de la perdition. C’est ainsi.

La lumière rejaillira de toute son étincelante majesté, encore une fois, comme elle le fait depuis toujours. C’est là le réconfort du mendiant émotionnel que nous sommes, nourrissant éternellement l’espoir quasi-vain que la clarté de cette lumière chasse suffisamment longtemps nos assailleurs pour que l’on puisse respirer à pleins poumons et ressentir ce que nous étions faits pour ressentir: la joie et l’envie de vivre, furieuse, rebelle et d’une puissance formidable.

C’est là notre don, notre cadeau, la contrepartie de ce chemin tyrannique qui est le nôtre: nous ressentons la joie et la beauté que peut offrir la vie tellement plus intensément que ceux qui souffrent, certes, moins que nous.

Galadriel

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