Le trait

Elle fut le trait d’union, elle est le souvenir. Elle demeure toujours présente dans nos mémoires, elle n’est malheureusement plus que là.

Aujourd’hui c’est notre cicatrice intime et éternelle, je ne l’accepte que parce qu’elle me ramène à de doux moments. Ainsi elle existe encore, clairement pour toujours.

Peu importe les divergences, les erreurs ou les paresses, maintenant elles sont effacées, consommées et digérées. Je ne tiens rigueur de rien à personne, j’ai mon lot de fautes, tu as les tiennes. J’ai appris qu’il fallait assumer alors je le fais, de bon gré, avec courage.

Mes récentes décisions me coûtent beaucoup mais je les sais nécessaires et positives à terme. Je ne demande à personne de les comprendre, je ne souhaite pas les expliquer non plus… Le pourrais-je d’ailleurs ? Quel serait le sens de cette démarche sinon une tentative de justification que je ne souhaite pas entreprendre.

Bien entendu j’ai des griefs, des reproches, des ressentiments. Des blessures, conséquences de choix ou de renoncements. Mais à présent je souhaite vivre en paix avec ceci. Ce poids qui a conditionné tant d’années, tant de bilans, tant de remises en question. Ces doutes, cette image de moi après laquelle j’ai trop couru. Aujourd’hui c’est terminé. Je les raye et m’en vais construire l’image qui me convient, avec les bouts qui me restent.

Je souhaite que tu trouves le repos de l’esprit toi aussi, tu as fait comme tu le pouvais, avec des limites, comme nous tous. On pense toujours que nos parents doivent faire plus que nous et pourtant ils ne sont pas plus que nous, pas moins fragiles ni plus forts. Alors tout cela ne compte plus.

Je dépose cette douloureuse histoire ici, dans une presque fuite puisque je ne peux pas la formuler de vive voix, mais j’ai la fierté d’arriver à l’écrire et l’exprimer. Une fierté égoïste puisqu’elle me décharge de tant de poids, mais qu’importe, je la juge méritée.

J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes et belles personnes, je conserve cette chance inouïe dans mon cœur comme une icône chère, résurgence de l’amour que j’ai eu dans mon enfance. Je n’abîmerai jamais cela, j’écris simplement un nouveau chapitre dans lequel les rôles changent, les personnages et les didascalies évoluent.

Il faut que tu fasses de même, que tu t’aperçoives de la richesse que tu as dans la présence de tes petits enfants, ils sont la sauvegarde de ce que tu as aimé et aime toujours. Ils n’attendent qu’une chose c’est que tu sois là. Ils ne poseront pas de questions, juste profiter de toi et toi d’eux. Si tu en as besoin.

J’ai l’air de donner des leçons mais je ne fais que partager mes apprentissages de la vie. Ils furent rudes et difficiles, mais pas plus que pour d’autres, j’imagine.

Je suis à l’écart de ce tumulte, aujourd’hui, à une croisée de chemins. Je n’ai pas encore décidé du prochain cap. Pour le moment je panse mes plaies et prends du temps pour réfléchir à tout ce passé et ce présent. Le futur viendra bien assez tôt. Il devra être en paix et le plus calme possible.

Que ces lignes apportent sur ton chemin l’onguent nécessaire à assouplir ces vieilles cicatrices.

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