C’était convenu ainsi, rdv à 21h avec Lulu, passer un moment, boire un verre (il ne boit pas d’alcool, lui) et discuter, de tout, de rien, mais probablement beaucoup de musique. Alors que je roulais vers le point de rendez-vous, vocal sur WhatsApp de Lulu : « Désolé mon pote, j’ai un gros contre temps, je ne pense pas pouvoir être, ou peut-être plus tard… ».
Bon, j’ai l’habitude de ces revers, je ne me formalise pas et me rends au bar. J’y rencontre, contre toute attente, le chanteur d’un tribute que j’ai vu il y a quelques semaines avec Paulo, un batteur qui s’imagine qu’il est bon ainsi qu’une chanteuse qui venait jouer il y a 15 ans au local dans le groupe d’un pote, qui me reconnait et vient me taper la bise. Loulou, la pauvre fille mesure 1.45m j’étais mal à l’aise et j’ai dû m’asseoir.
Bref, J’avais prévu de ne boire qu’un verre… et je n’ai bu qu’un verre ! Mais j’ai papoté et eu la chance de voir quelques congénères assez spéciaux.
Rapidement, une grande et vieille saucisse, chapeau de cowboy noir planté sur une chevelure blonde bouclée, avec une plume façon d’Artagnan, noire également, mais version ‘cabaret’ ! Perfecto court, longue jupe en cuir rouge échancrée jusqu’au haut de cuissot ! Mais surtout une attitude décadente à mort, exubérante, disant à qui voulait l’entendre qu’elle était ‘influenceuse’, déambulant avec son téléphone portable en mode selfie… Mais elle n’était pas seule, elle était accompagnée de sa copine, un sac de rides de 45 Kg, jupe courte à paillettes, complètement hors sol, à la posture préoccupante avec un bassin rétroversé d’une rare inélégance. Celle-ci s’agitait dans une danse spasmophilique gênante. Quel est mon crime pour vivre ces choses-là ?
Dernier luron mais pas des moindres, un petit gars, le teint latin, barbe de 3 jours, les yeux vitreux complètement imbibés, pantalon moulant et veste de costume blanche ouverte sur un torse… sans chemise ni t-shirt. Vision privilégiée sur une petite moquette pectorale du plus mauvais goût, ornée d’une chaîne en plaqué or lestée d’une authentique dent de requin en résine. Pas de danse à la J Brown, sans le talent mais avec le même genre de lubricité dans les yeux.
Et ce petit monde évolue dans 8m2, sous mes yeux. Je n’ai pas résisté longtemps, j’ai fini mon Spritz, j’ai payé et me suis barré. En sortant, je tombe bien entendu sur la diva rouge en pleine discussion susurrée. Inutile de chercher le contenu de leurs échanges avinés. La décadence transpirait, alors que par ailleurs l’ambiance être relativement calme. C’est le paradoxe du récit, ces attitudes ne choquent plus personne. Je suis parti pour respirer, suivi par le chanteur et sa femme, spectateurs des mêmes scènes, mais amusés, eux.
J’ai eu un message de Lulu sur mon retour, s’excusant de ne pas avoir pu venir. Et il vient de m’appeler pour me donner les raisons (que je n’attendais pas réellement) de sa défection.
Je l’ai remercié de son appel et ai quand même réussi à le chopper à propos du de notre projet commun, il semble rassurant, il a un bon contact avec la fille qui s’en occupe, elle voudrait aboutir vite car la saison commence.
Je garde cette pression diffuse mais constante sur lui, je voudrais vraiment qu’on passe sur ce projet là.
Je te raconte les coups de fils après. Les gens sont fous, il faut s’en prémunir. C’est plus une option, c’est un but vital !!!
