Carnet de lutte : le vide.

Gérer ce vide, passer ce temps, brûler les heures, les nuits. Le défi est de taille, cela pourrait être valorisant mais c’est en fait principalement épuisant.

Il faut le faire car c’est nécessaire, on se l’est dit et ici on ne revient pas sur ses mots. Alors il faut se tromper pour ne pas tromper, il faut déjouer ses propres mécanismes de lucidité, trouver une voie acceptable pour s’accommoder d’une attitude, occuper le terrain, détourner l’esprit. Faire face à l’absence, éviter la perspective du bas, remplir l’espace.

C’est extraordinairement difficile pour ceux qui ont basé leur existence sur leur acuité à voir, sentir et analyser le moindre signe, le moindre mot, le plus petit silence. Tromper la double vue, écarter celui qui par définition n’est dupe de rien. Et pourtant, il le faut.

Persuasion ? Auto conditionnement ? Suractivité ? Alcool ? Il faut choisir son arme.

Mais on se donne toujours les moyens pour ce qui est intimement bon. Peu importe le coût, nous sommes faits de cet alliage qui ne cède pas.

Car le vide, c’est le doute. Le vide c’est surtout le trop plein de questions, c’est laisser la place à la part d’ombre qui se cache. C’est laisser le champ à notre propre insécurité, ne même plus pouvoir se blottir dans un coin… car il n’y a plus de coin. Une menace absolument sphérique, une solitude absolue face à l’immensité d’un néant décidément bien mal nommé.

Je t’ai, là, et pourtant tout sonne creux. J’ai dit d’accord car c’est l’évidence. Cela aide à tenir, cela donne un but, mais cela n’explique jamais comment y arriver.

Penser toutes les minutes et se dire toutes les secondes « N’y pense pas ». Cela frôle la schizophrénie. Se passer d’une joie de vie pour la conserver, tel est le défi !

Mais les choses sont simples : on le dit, on le fait. On lutte contre le dédit, tous les jours ! On ne peut pas y succomber. Ma force est là, il faut y revenir, inlassablement.

J’ai promis et j’endurerai. Lève le menton, regarde-toi, sors de ta posture courbée et avance. Sers-toi de ce que tu es pour niquer ce que tu n’es pas.

Même dans le vide, le doigt fonctionne.

Je choisis l’arme de l’honneur et de l’estime de moi, ne serait-ce que pour emmerder les faibles et les couards. Les pleutres et les indignes. Je combats, donc, même dans le noir. Je serai là, au rendez-vous ! Droit et fier. Tu ne sauras pas grand-chose de ce que j’ai abattu comme monstres, car tu ne dois pas vivre mon enfer. Je serai là, c’est tout.

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