Carnet de lutte : Chercher le goût.

Il est de ces maux dont on ne revient pas. Des séismes intimes dont les répliques semblent interminables, vouées à revenir dans un infini vertigineux.

On apprend tout se ses souffrances, depuis que le jour se lève, l’école de la vie se résume à exister et demeurer. Longtemps, plus longtemps que les autres. Maximiser ses chances, augmenter la probabilité d’invoquer des semblables, donner naissance à un similaire, pour recommencer une fois de plus à survivre, mais cette fois, encore un peu plus longtemps. Jusqu’au-boutisme animal, profond et intrinsèque. Cette part de nous est inscrite, inaltérable ! Elle est notre condition vitale, le rudiment.

Et puis il y eut un jour un rejeton sans doute pas plus talentueux que les autres mais touché d’une grâce inattendue… Il a ressenti. Il est l’Initial, l’inspiré.

Il a ouvert autant d’espoir que de menaces. Il a ajouté à la bête, à l’animal et à la plante, un ciel étoilé de subtilités. Il a ouvert les yeux aux princes d’éternité, ceux qui savent voir au lieu de regarder. Ceux qui comprennent au lieu de simplement savoir. Il nous a donné le pouvoir de l’intimité, la faculté du ‘toi’ à la place du ‘lui’. Ca sera toi.

Humanité ? Il faut rester prudent avec cette appellation souvent d’origine mal contrôlée. De ce que les négligents en ont fait. Aujourd’hui il est devenu salvateur de s’en méfier, de remplacer le terme par une chose plus pure et hors de portée des maladroits et autres malintentionnés. Parlons de vibrations ! Tout est vibration ! Tout est rythme, pulsation, stimulation.

Nous sommes donc ouverts à ces pressions informelles, puisqu’il n’est pas besoin de se parler pour se comprendre, nous avons le goût de l’autre, nous recevons ces trains de vibrations, ces trames de joliesses.

Et pour répondre à l’intimidante question : il n’existe pas d’amour véritable ? Non, il n’existe tout simplement pas d’amour dans leur monde !

Il n’existe rien de beau dans leur monde d’artifices, d’images et de bruits ! N’existent que pollution et désordre, la pureté est exclue, reléguée au stade d’anomalie, d’incongruité risible. Se moquer de celui qui pleure, qui se fissure c’est rire de celui qui est profond et qui a quelque chose à montrer.

Il nous faut nous extraire du pestilentiel et de la cohue, c’est hors de ça qu’existe la beauté de ce que nous a laissé l’Initial.

Impossible ?  Ce qui est impossible c’est d’imaginer qu’une telle bénédiction ait pu être à ce point dévoyée et supprimée. Il est possible de retrouver la véritable sensation, celle perçue sans aucun effort, sans aucune requête particulière, juste celle qui a la force de l’évidence, la plus simple expression du bonheur, hors de toute sophistication inutile. Pure, nue, tellement fragile qu’elle sera éternelle.

Il faut retrouver le goût de ce que l’on sent, le goût de la vie, le goût de l’amour.

Tu manques.

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